Savoir adapter les dispositifs de formation aux publics défavorisés

Une rencontre-débat du Comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie (CMAtlv) avait lieu récemment, pour mettre en lumière des dispositifs favorisant la montée en compétences et l’insertion des publics défavorisés.

L’expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée », déployée depuis 2017 et initiée par ATD Quart Monde, bouleverse les codes du monde de l’entreprise pour développer les savoir-être / savoir-faire autrement.

« Un emploi décent en CDI est proposé au bénéficiaire, souvent très éloigné de l’emploi depuis cinq ans, expose Jean-Christophe Sarrot, responsable du réseau emploi-formation à ATD Quart Monde.

« Au sein d’une entreprise à but d’emploi (EBE), l’objectif n’est pas d’être le plus rentable possible, et les salariés ne sont pas mis en concurrence. On essaie de penser ensemble les modes de formation, d’apprendre à apprendre, de repérer les compétences cachées en chacun. Le salarié est en position complète de savoir : quand un nouveau arrive, ce ne sont pas les formateurs ou les plus diplômés qui le forment mais les plus anciens. »

A ce jour, 58 territoires sont concernés avec 67 entreprises EBE pour plus de 2 100 personnes employées.

Formation sur mesure et Open Badges

Autre initiative présentée lors de la soirée, le label du réseau APP (atelier pédagogique personnalisé). « L’important pour nous, c’est que la formation ne soit plus vécue comme un traumatisme. Le bénéficiaire en face de nous est traité en tant qu’adulte avec une histoire, c’est important pour un public fragile », retrace Laurence Martin, déléguée nationale APapp (association pour la promotion du label APP). Le bénéficiaire est soutenu dans l’identification de son besoin en compétences. Des Open Badges numériques viennent aider à la prise de conscience des atouts de chacun. « Cette prise de conscience est un axe central dans le développement de l’autonomie, avec la confiance en soi. »

Au-delà d’offrir un parcours de formation personnalisé selon les disponibilités de l’apprenant, « d’un temps plein à une demi-journée par semaine », illustre Emilie Marchenay, directrice de l’AGAFOR, organisme de formation de Montargis labellisé APP, la posture du formateur est aussi bouleversée. « Il n’est plus en position de sachant mais est au service de l’apprenant. »

Le sport, valeur sûre

En matière de mobilisation et d’insertion des publics défavorisés, le sport est un incontournable. Mickaël Dezalais, responsable de la Maison de l’emploi et de l’antenne Mission Locale des Pavillons-sous-Bois (93), en a fait le pari il y a quelques années.

Ciblant des jeunes de 16-25 ans, non-sportifs, « l’idée était de les préparer pendant 5 mois, avec un coach, à une course de 24 km. » A la fin, tous ont fini le tracé. Galvanisés par l’expérience, avec une confiance en eux retrouvée, chaque jeune a pu décrocher une situation : service civique, retour en formation, intérim, etc.

Mickael Dezalais a continué sur sa lancée en répondant à l’appel à projets Impact 2024 dans le cadre des JO de Paris. « Depuis fin 2022-début 2023, l’idée est toujours de s’occuper des personnes éloignées de l’emploi et non-pratiquantes de sport avec deux séances de remise en forme hebdomadaire avec un coach. Une confiance a été établie avec notre public et nous avons pu approfondir leurs démarches. »

Sur 20 personnes suivies, la moitié a retrouvé une activité.

Source : Centre Inffo - 11 01 2024