Rapprocher lycées professionnels et entreprises pour donner du sens ?

La ministre a d’abord rappelé les dysfonctionnements actuels du lycée professionnel, qui « ne joue plus assez son rôle d’insertion professionnelle », puisque « seule la moitié des élèves sont en emploi deux ans après », et que le lycée professionnel fournit à lui seul « deux-tiers des jeunes décrocheurs », a-t-elle souligné. Elle a également mis en cause « la carte des formations, qui ne prend pas assez en compte les mutations économiques ». Et « l’organisation pédagogique, pas assez adaptée » aux profils d’élèves « majoritairement issus de classes populaires », dont « une forte proportion sont allophones [ 1 ] » et « 5% en situation de handicap ».

Objectifs et pistes de la réforme

Carole Grandjean a présenté les trois objectifs de la réforme : « réduire le nombre de décrocheurs » par davantage d’accompagnement ; « améliorer le taux d’insertion » dans l’emploi ; et « faciliter la poursuite d’études » en y préparant mieux les élèves. Quatre groupes de travail doivent rendre leurs propositions à la fin du mois sur ces différents axes, pour alimenter le projet.

Les pistes évoquées par la ministre sont de « renforcer les enseignements généraux », « construire des formations de demain » en lien avec la transition écologique, numérique, démographique, et la réindustrialisassions ; « augmenter la durée et la qualité du stage », et « renforcer le suivi renforcé des élèves pendant les stages ».

Carole Grandjean a réaffirmé l’objectif de faire du lycée professionnel « une voie choisie, une voie de réussite, et d’excellence ».

Réponses aux députés

Plusieurs questions de députés ont porté sur l’allongement de la durée des stages, qui selon eux risque de « réduire encore le temps de formation générale » – déjà largement raboté par la réforme Blanquer – et de « renforcer la mainmise des entreprises sur la formation ».

« L’augmentation de la durée des stages ne se fera pas au détriment des enseignements généraux, leur a assuré la ministre. Les enseignements fondamentaux, de français et maths, seront renforcés pour éviter le décrochage. Il faut mieux accompagner les élèves en difficulté », dont les élèves allophones et ceux en situation de handicap. Elle n’a pas expliqué sur quels enseignements allaient empiéter les heures de stages supplémentaires…

Formations parking

Des questions concernaient le maintien de « formations parking », sans débouché, qui concernent notamment les filles dans le secteur tertiaire, alors que le numérique par exemple, serait beaucoup plus porteur. « Cela fait partie du chantier sur l’offre de formation », a simplement répondu la ministre, sans entrer dans le détail.

Pour lutter contre le décrochage, Carole Grandjean compte sur « le rapprochement avec l’entreprise pour donner du sens à la formation ». Des stages plus longs permettront selon elle de proposer des tâches plus valorisantes aux stagiaires, et « d’améliorer l’insertion dans l’emploi ».

La gratification des stages – autre sujet de discorde – sera mise en place « dès la rentrée 2023, a précisé la ministre, pour motiver les élèves, développer les opportunités de stages, et susciter un engagement plus important des entreprises ».

Source : Centre Inffo - 11 01 2023