Nucléaire, photovoltaïque, gaz de couche, hydrogène : la Moselle se veut désormais "Terre d'Energies"
- Administrateur
- 30 mars
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Depuis quelques années, plusieurs grands projets énergétiques se développent en Moselle. Ils pourraient incarner le renouveau de l'économie du département. C'est en tout cas le message veut porter le conseil départemental qui labellise la Moselle "Terre d'Energies".
C'est une entreprise qui est implantée depuis près de vingt ans en Moselle, et sur qui reposent beaucoup d'espoirs : la Française de l'Energie a l'ambition d'exploiter le méthane, autrement dit le gaz de couche encore emprisonné dans le sous-sol lorrain. Mais aussi de l'hydrogène, découvert en 2022 presque par hasard ! Une découverte réalisée dans le cadre du programme de recherches Regalor, conduit par une équipe de scientifiques du CNRS et du laboratoire GéoRessources de l'Université de Lorraine, qui a donc permis de déceler la présence de traces de cet hydrogène naturel en quantités astronomiques.
Un nouveau forage à Pontpierre cet été
La Française de l'Energie a réalisé son premier forage en 2006 à Folschviller : l'idée était de savoir si on pouvait extraire le gaz de couche, le fameux grisou emprisonné dans les veines de charbon. Quasiment vingt ans plus tard, et après moult rebondissements, l'entreprise a enfin son permis d'exploitation.
Mais elle a découvert entre temps, grâce à ces mêmes forages, la présence d'hydrogène naturel dans notre sous-sol, suscitant un intérêt mondial. Un nouveau forage est espéré cet été à Pontpierre. "On estime que la source d'hydrogène se situe plutôt aux alentours de cinq-six kilomètres de profondeur sous nos pieds. Mais on ne va pas forer à cinq ou six kilomètres, parce que le coût du forage est exorbitant", explique Jacques Pironon, l'un des directeurs de recherche du programme scientifique Regalor. En revanche, ce nouveau forage ca permettre de "déterminer la profondeur à laquelle on va pouvoir faire de l'extraction, probablement entre deux et trois kilomètres de profondeur. On aurait alors des rendements suffisants pour des coûts abordables." Signe de l'intérêt des industriels, Saint-Gobain et Sol Experts vont mettre au point les technologies nécessaires pour ces investigations.
Dans le contexte international de guerre en Ukraine ou d'importations américaines, c'est une question de souveraineté énergétique aux yeux de Julien Moulin. Le PDG de la Française de l'Energie espère que l'exploitation de l'hydrogène sera opérationnelle plus rapidement que pour le gaz de charbon. "On utilise des ressources et des infrastructures existantes, ça nous permet d'aller plus vite. Il reste toujours les mêmes sujets récurrents : s'assurer que le projet est bien compris par l'ensemble des parties prenantes, obtenir les autorisations administratives dans les temps, c'est un gros sujet. Mais je pense que la réalité géopolitique et la transition écologique qu'on essaye de développer nous impose d'aller plus vite. J'ai bon espoir qu'on va y arriver."
A ceux qui auraient des craintes sur les conséquences d'exploiter à nouveau notre sous-sol, la parole d'une personnalité de poids s'élève : celle de Denis Clodic, co-lauréat du prix Nobel de la paix en 2007 pour ses contributions au sein du GIEC. Pour lui, ces ressources sont essentielles pour assurer notre avenir, et il n'y a aucune crainte à avoir : "Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : on a une ressource fossile et la question clé, c'est de décarboner cette ressource fossile. Par contre, je suis extrêmement soigneux sur la question de la mesure, la démonstration, le fait que ce soit non contestable. Or ces mesures sont de qualité, on le prouve."
Des milliers d'emplois en devenir
Avec le nucléaire, le photovoltaïque, désormais le gaz de couche, demain l'hydrogène, la Moselle mérite un nouveau surnom : Terre d'énergies, estime Patrick Weiten, le président du Département. "Nous avons véritablement ce renouveau qui nous attend, et pour lequel nous devons tout mettre en place pour accueillir de nouvelles populations, générer de l'emploi, mettre en place les mobilités nécessaires. La Moselle est maintenant démontrée comme étant la terre des énergies". Les intercommunalités de Moselle-Est y travaillent également.
Source : France Bleu - 28 03 2025
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