Les cadres de l'industrie en demande de formation à l'intelligence artificielle
- Administrateur
- 5 mars
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Une récente enquête réalisée par l'Apec et Opco 2i mesure l'impact de l'intelligence artificielle (IA) sur les métiers de cadres dans le secteur de l'industrie. Encore émergente, l'intégration de compétences liées à cette technologie reste inégale et questionne les politiques de formation des entreprises.
La percée de l'IA générative prend de vitesse beaucoup d'entreprises. Si ses répercussions sur les métiers restent encore à découvrir, la pression s'accentue pour déployer cette technologie dans les organisations. Une période transitoire délicate au cours de laquelle la formation peut jouer un rôle de facilitateur. C'est ce que révèle une étude publiée par l'Apec et Opco 2i mi-février. Dans l'industrie, seules 3 % des offres d'emploi de cadre requièrent aujourd'hui de manière explicite des compétences en lien avec l'IA dont près de 60 % concernent des postes dans le domaine de l'internet des objets (IoT). Mais la technologie s'impose de plus en plus au-delà des seuls métiers d'experts. Interrogés, les cadres de l'industrie expriment le besoin de mieux maîtriser les outils, de comprendre les usages et les implications de l'IA, notamment éthiques et environnementaux. Ce marché reste donc à conquérir pour les prestataires de formation.
Déploiement de l'IA générative, un point de rupture
Loin d'être novices en la matière, les entreprises industrielles adoptent l'intelligence artificielle depuis le début des années 2000. Ses algorithmes de reconnaissance d'anomalies sur une chaîne de production ou de maintenance prédictive puis les systèmes plus complexes comme la voiture autonome s'y sont largement développés. Entre 2019 et 2023, le nombre d'offres portant la mention IA publiées par les recruteurs de l'industrie a ainsi augmenté de 56 % contre 13 % dans les autres secteurs. Mais la technologie est longtemps restée entre les mains des équipes de la conception et de la production. Encore très demandées, les compétences en IA des experts de l'informatique et de la gestion des données restent prédominantes. Mais l'irruption soudaine de l'IA générative dans les usages du grand public depuis le lancement de ChatGPT fin 2022 change la donne. Ces outils touchent désormais l'ensemble des cadres et les tâches à forte valeur ajoutée jusqu'ici épargnées par l'automatisation.
L'IA concerne tous les métiers de cadres
De plus en plus utilisée dans les fonctions commerciales et marketing, l'IA bouleverse les activités de prospection et du service client. Dans l'industrie, une offre d'emploi sur six liées à l'IA porte sur ces fonctions. Cette technologie s'invite également dans les services techniques notamment dans le champ de la qualité, des process-méthodes et de la maintenance-sécurité. Ces activités particulièrement stratégiques pour les entreprises industrielles profitent des avancées de l'IA générant des gains de productivité et une meilleure gestion des risques. Ces bénéfices bien perçus par les entreprises et leurs cadres exigent toutefois une refonte des compétences et des formations pour intégrer ses effets sur l'organisation du travail, indissociable d'une réflexion sur l'avenir des métiers de cadres. A travers des entretiens réalisés avec des cadres salariés, des recruteurs et des experts de l'IA, l'étude met en évidence des inquiétudes et des lacunes dans les politiques de formation des entreprises.
Les cadres expriment un besoin de formation
Globalement positifs face à l'IA, les cadres s'interrogent toutefois sur ce qui faisait la valeur de leurs compétences comme la prise de décision. D'autres se sentent responsables de la conformité des usages avec la réglementation, de la sécurité des données, des dangers de déshumanisation ou encore de la menace sur certains emplois. Pour répondre à ces interrogations, les cadres regrettent le manque de culture commune à l'entreprise. Ils expriment également un fort besoin de formation. Cette demande est large. Elle va de programmes d'acculturation, à des approches pratiques et personnalisées liées à l'intégration de l'IA dans leurs métiers en passant par des compétences spécifiques liées à l'art du prompt (requête et interaction avec l'IA). Les cadres interviewés dans l'enquête ont eu largement recours à l'autoformation et font état d'un manque d'initiatives et de prise de parole de la part de l'entreprise. Or, selon les experts, la formation représente un des maillons essentiels à une adoption en toute sécurité de l'IA.
Source : Centre Inffo - 03 03 2025
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