La Région Grand Est agit pour la mixité professionnelle
- Administrateur
- 19 mars
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Une cinquantaine d'acteurs intervenant dans le champ de l'enseignement, de l'orientation et de la formation ont répondu à l'appel de la Région Grand Est qui organisait ses premières « Journées de la mixité professionnelle » à Strasbourg les 6 et 7 mars. Objectif : partager les bonnes pratiques et encourager les coopérations pour lutter contre les stéréotypes et favoriser l'égalité professionnelle.
Les chiffres égrainés lors des « Journées régionales de la mixité professionnelle » qui se déroulaient les 6 et 7 mars à Strasbourg montrent le chemin qui reste à parcourir. Parmi les candidats au bac pro, 44 % sont des jeunes femmes, mais elles ne représentent que 14 % des effectifs dans les spécialités de production, contre 70 % dans les métiers des services, rappelle Clothilde Lemarchant, sociologue de l'éducation. Et l'étude réalisée par Opinionway auprès de 6 000 femmes ingénieures, techniciennes et étudiantes dans les filières scientifiques met en lumière les écueils rencontrés pendant leur parcours. 82 % ont été confrontées à des stéréotypes de genre pendant leur scolarité, un tiers ont mal vécu le fait d'évoluer dans un environnement masculin pendant leurs études et 81 % pensent que, à poste égal, les hommes sont favorisés en termes de rémunération. Une impression qui se confirme sur le terrain : dans le privé, le salaire des femmes est inférieur de 23 % à celui des hommes pour un travail équivalent.
Un événement pour partager des bonnes pratiques
Des constats qui poussent la Région Grand Est à agir et à soutenir les initiatives contribuant à favoriser l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. C'est dans le cadre de cet engagement qu'ont été organisées ces premières journées d'échanges en faveur de la mixité professionnelle. L'événement qui se déroulait au siège de la Région a réuni plus de 260 personnes issues de différentes structures : acteurs de l'orientation, de l'enseignement, de la formation professionnelle, du monde économique mais aussi associations œuvrant pour la promotion des métiers scientifiques ou encore les droits des femmes. « L'égalité professionnelle est un sujet central, explique Franck Leroy président de la Région Grand Est. « C'est une question de principe – les femmes et les hommes doivent bénéficier des mêmes droits - mais c'est aussi une exigence économique » dans un contexte démographique qui va se traduire par de nombreux départs à la retraite dans les prochaines années, précise l'élu régional.
L'Éducation nationale en première ligne
Sur le terrain, les initiatives ne manquent pas. En première ligne pour lutter contre les stéréotypes dès le plus jeune âge, l'Éducation nationale a par exemple lancé, en 2022, le label « Égalités filles-garçons » décerné à 1 500 collèges et lycées qui oeuvrent en faveur de la mixité. Dans l'académie de Nancy-Metz, le nombre d'établissements labellisés est passé de 13 à 28 en trois ans, indique Pierre-François Mourier, recteur de la Région académique Grand Est. Sensibiliser les enseignants, repenser les pratiques… : le monde éducatif est un acteur clé pour faire en sorte que « l'orientation scolaire et professionnelle ne soit plus influencée par des biais mêmes inconscients », précise le recteur. Mais selon lui, les entreprises qui accueillent les jeunes en stage ont aussi un rôle à jouer.
Mobilisation du monde associatif et économique
Dans la sphère économique, les branches professionnelles se mobilisent. Dans les secteurs du transport (18 % de femmes) et de la métallurgie (23 % de femmes), des initiatives ont été lancées pour promouvoir les métiers auprès des jeunes filles dès le collège. Pour aller plus loin, l'UIMM a lancé fin janvier une campagne de communication pour attirer les talents féminins. Baptisée « Tu as ta place », elle est basée sur des témoignages vidéo de femmes qui exercent des métiers manuels ou d'encadrement dans l'industrie. Le monde associatif n'est pas en reste. Créée il y a 20 ans, l'association « Elles bougent » mobilise des femmes qui travaillent dans des filières scientifiques, technologiques et industrielles. Ces 10 000 marraines bénévoles ont pour mission de faire découvrir leurs métiers et d'aider les jeunes filles à se projeter, explique Isabelle De Gail, déléguée régionale Alsace de l'association.
Accompagner dans la durée
Susciter des vocations, aider les jeunes femmes à concrétiser leur projet : c'est aussi l'ambition du projet « TechPourToutes » lancé par le gouvernement en 2023. Piloté par l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA), à travers sa fondation, le programme qui associe de nombreux partenaires (universités, grandes écoles, organisations professionnelles, etc.) vise à fédérer les initiatives, à outiller les parties prenantes avec pour objectif de faire connaître les métiers du numérique et d'accompagner les jeunes femmes « du lycée jusqu'à leur premier emploi », indique Muriel Brunet, chargée de mission « TechPourToutes ».
Un appel à projets qui encourage les synergies
De l'école à la vie professionnelle, les initiatives se multiplient. Dans le cadre de son engagement en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes, la Région Grand Est a choisi d'encourager les synergies entre les acteurs afin de travailler dans une logique de parcours. Lancé en 2023, l'appel à projets « Elles + Grand Est = Sciences » soutient des associations qui travaillent main dans la main pour accompagner les femmes vers des métiers scientifiques et techniques. Doté d'un budget d'un million d'euros sur trois ans, cette initiative encourage les associations à « ouvrir leurs portes à d'autres structures et à inscrire leurs actions dans une logique de parcours, de l'école primaire jusqu'à l'insertion ou la réinsertion professionnelle », indique Sylvie D'Alguerre, conseillère régionale déléguée à l'égalité femmes-hommes.
Treize associations soutenues
Treize associations organisées en trois groupes territoriaux (Alsace, Lorraine, Champagne Ardennes) ont été sélectionnées dans le cadre de la première vague de l'appel à projets. Leurs projets qui bénéficient d'un financement à hauteur de 260 220 euros de la Région et du Fonds social européen (FSE) permettront de sensibiliser près de 13 000 jeunes filles et femmes dans le Grand Est. Présentés lors des Journées de la mixité professionnelle, les projets des lauréats comportent un volet évaluation qui doit contribuer à identifier les bonnes pratiques et à nourrir les politiques de la Région.
Source : Centre Inffo - 13 03 2025
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