L’essor de la filière des batteries électriques nécessite de nouvelles compétences

L’adaptation de l’offre de formation sera un enjeu crucial du développement de la filière des batteries électriques dans les années à venir. C’est ce que révèle l’étude prospective des besoins en compétences réalisée pour l’Observatoire compétences industries géré par Opco 2i.

La technologie des batteries électriques est encore nouvelle sur le territoire et les futures générations de batteries nécessitent de développer les compétences en R&D. Cette structuration de la filière demande des compétences qui ne sont aujourd’hui pas présentes en France, notamment en électrochimie. La filière a besoin de deux types de compétences, celles portées sur la technologie elle-même et celles centrées sur les procédés industriels. C’est un des constats de l’étude prospective de l’Observatoire compétences industries animé par Opco 2i.

Une offre de formation disparate

La filière s’appuie aujourd’hui sur trois types de formations : les fondamentaux de la batterie, la technologie chimique des batteries et la sécurité électrique. Elle se tourne vers différentes façons de former : les formations mutualisées à travers un écosystème tel que l’E-Academy de Renault, les modules spécifiques proposés par certains organismes de formation, ou encore les formations internes aux entreprises. Le développement de la filière a contribué à la création de modules généralistes pour mieux appréhender la batterie électrique. Ils s’adressent surtout aux ingénieurs automobiles passant du thermique à l’électrique.

Peu de cursus spécifiques

L’observatoire remarque qu’il existe un grand nombre de formations périphériques mais très peu de formations spécifiques. Elles concernent des niveaux bac +3 à bac +6 dans les domaines du génie industriel, de la chimie, de la science des matériaux, de l’automatisation, de la mécatronique, ainsi que des niveaux CAP à bac +2 dans le champ de la maintenance ou de l’électrotechnique. Les formations sont plus nombreuses pour la maintenance, l’automatisation, les procédés et le génie industriel mais moins fréquentes pour la science des matériaux, l’électrotechnique, la chimie et la mécatronique. Beaucoup de formations approchent les compétences requises mais sans aucune spécialisation pour la filière et ne ciblent que partiellement le besoin en compétences à court terme.

Enrichir et adapter l’offre de formation

L’adaptation de l’appareil de formation est donc un enjeu crucial de développement. La capacité à penser la partie conception en France va dépendre de la vitesse de déploiement des offres de formation spécialisées dans la R&D batteries électriques. Les ingénieurs disposent de connaissances académiques (électrochimie, thermodynamique…) qu’il convient d’adapter à la réalité de l’outil industriel. Les procédés, qui sont propres à chaque usine, appellent une formation de base nécessairement complétée par celle des industriels pour adapter les compétences à leurs machines-outils spécifiques.

Des prestataires venus de l’automobile et des énergies nouvelles

Les formations dédiées à la filière sont aujourd’hui déployées majoritairement par des organismes de formation, orientés vers l’automobile ou les énergies nouvelles (Apave, Ecodime, IFP Training…), ayant ouvert quelques modules spécifiques pour la batterie électrique. Ces formations sont pour la plupart de courte durée (2 à 3 jours) et destinées à sensibiliser les opérateurs et techniciens aux gestes métiers adaptés (habilitation électrique), ou les ingénieurs aux principes généraux de fonctionnement du véhicule électrique.

Quatre pistes à explorer

Dans ce contexte, l’observatoire propose quatre axes pour promouvoir une offre de formation en adéquation avec les besoins : construire un plan de formation local, interentreprises, dans les Hauts-de-France, première cible géographique ; définir un schéma de gouvernance emplois/compétences et proposer une GPEC [ 1 ] au niveau de la filière ; dynamiser l’attractivité de la filière ; et former les ingénieurs à plus long terme.

L’étude prospective des besoins en compétences de la filière des batteries en France.

Source : Centre Inffo - 28 07 2022