Ikea et Each One partenaires en faveur de l'insertion des réfugiés

« Nous croyons vraiment dans ce programme qui crée un attachement à l'entreprise et beaucoup de cohésion, affirme Claudie Touzé, People & Culture Market Manager chez Ikea Paris (DRH, directrice des ressources humaines en langage maison). Quand on intègre des personnes réfugiées qui ont eu un parcours difficile, qui font preuve d'une humilité et d'un courage impressionnants, ça remet les choses en perspective pour tout le monde. » L'enseigne suédoise d'ameublement va donc renouveler pour trois ans supplémentaires, de septembre 2024 à août 2027, son programme Vivre et Grandir ensemble qui a permis de former 193 personnes réfugiées entre 2020 et 2023 dans le cadre de POEC (préparations opérationnelles à l'emploi collectives), avec le soutien financier de Pôle Emploi et Opcommerce.

Compétences relationnelles

C'est Each One, association devenue entreprise à mission et organisme de formation spécialisé sur ce public de personnes réfugiées, qui fait le sourcing pour Ikea, co-organise les journées de sélection et co-construit les programmes de formation. Les compétences relationnelles ou softskills sont particulièrement cruciales pour ce public d'origine étrangère. « Nous axons beaucoup la formation sur le fait d'être salarié en France d'un point de vue culturel, explique la DRH. Par exemple, nous avons des stagiaires qui ne regardent pas les femmes dans les yeux alors qu'ici, cela peut être perçu comme un manque de respect. » Pour des compétences métier comme le passage du Caces (Certificat d'aptitude à la conduite en sécurité), Ikea peut s'associer avec un organisme de formation spécialisé.

Difficile parité

En trois ans, des sessions ont été organisées pour former et recruter des employés en logistique, des vendeurs ou des employés de restaurant, métier sur lequel Ikea éprouve des tensions de recrutements. Chaque session de POEC rassemble une quinzaine de stagiaires, principalement des hommes malgré des objectifs de parité. « On vient de terminer une sélection avec seulement trois femmes sur cinquante candidats pré-sélectionnés, regrette Claudie Touzé. C'est particulièrement difficile sur les emplois en logistique. La seule classe nous avons approché la parité, c'est pour les employés de restauration où nous avons rencontré une autre difficulté : il y a tellement de besoins que nous avons du mal à leur demander de se rendre disponibles pour trois mois. Nous avons eu beaucoup d'abandons en cours de formation car ils pouvaient trouver très vite un CDD ou un CDI ailleurs. »

90% de POEC

Pour l'instant, c'est la région Paris avec neuf magasins qui a pu former 90% des personnes réfugiées du programme dans le cadre de POEC (préparation opérationnelle à l'emploi collective), les stagiaires pouvant effectuer leurs deux mois de formation puis leur stage d'un mois proche de leur lieu de vie. « La POEC nous permet, dès la première rencontre, de mettre notre patte, de présenter nos valeurs, de les former à nos outils maison, de façon à ce que, pendant l'immersion, ils soient déjà coutumiers de l'environnement de travail, ce qui facilite l'intégration », indique la DRH. Dans les autres régions où les magasins sont plus dispersés, c'est la POEI (I pour individuelle) qui a été privilégiée, sans être tout à fait satisfaisante pour l'enseigne suédoise qui se dirige donc vers l'embauche directe suivie de formation en interne, pour des personnes ayant un niveau de français suffisant pour s'exprimer, comprendre les directives et ayant validé cette capacité à être salarié en France.

Pour encourager d'autres entreprises à recruter des personnes réfugiées, l'enseigne suédoise postule à des prix comme celui de l'ANDRH qui l'a récompensée dans sa catégorie Diversité et Inclusion 2023. Elle s'engage aussi au sein de Tent France, un collectif d'une trentaine de grandes entreprises lancé fin 2023 et s'engageant à favoriser l'intégration des réfugiés sur le marché du travail en France.

Source : Centre Inffo - 14 05 2024