Des reconversions professionnelles à financer pour "fluidifier" le marché du travail
- Administrateur
- 27 oct. 2022
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Lors d’une conférence organisée le 24 octobre par le groupe d’intérim Randstad, plusieurs acteurs du monde du travail se sont interrogés sur l’agilité du système de la formation professionnelle pour accompagner les reconversions des actifs.
Comment "fluidifier" le marché du travail ? Sujet d’une table ronde organisée par le groupe d’intérim Randstad, lundi 24 octobre, cette problématique a gagné en urgence à cause des pénuries de recrutement. Certains acteurs du monde du travail s’interrogent sur les réponses apportées par les employeurs et les pouvoirs publics, malgré les budgets investis dans la formation professionnelle.
"Il faut favoriser la reconversion professionnelle, simplifier, trouver des financements, pas forcément plus mais peut-être les réorienter", estime l’ex-ministre du Travail Myriam El Khomri. Aujourd’hui directrice conseil chez Siaci Saint-Honoré, groupe de conseil et de courtage d'assurance qui accompagne des entreprises sur la gestion des emplois et la prévention des risques professionnels, elle constate que tous les actifs souhaitant se former pour changer de métier n’y parviennent pas, faute, notamment, de financements disponibles. "Ce n’est pas 'open bar' comme dans l’alternance", souligne-t-elle. Pour Myriam El Khomri, il importe que les publics au-delà de l’âge de 30 ans puissent aussi se former sur leur lieu de travail, de manière similaire au modèle de l’alternance.
Des enveloppes limitées pour reconvertir les salariés
Or les dispositifs visant l’acquisition de certifications comme la "Pro-A", ou "promotion par l’alternance", disposent selon l’ancienne ministre d’enveloppes limitées. En 2022, seuls 5.054 parcours ont été financés, pour un montant de 69,6 millions d’euros, selon le jaune budgétaire annexé au PLF 2023. Réservée aux salariés peu qualifiés en CDI, en CDD, ou en contrat d’insertion, la Pro A – dont l’intérêt est de prendre en charge la formation ainsi que la rémunération pendant la période de stage – n’est pas toujours abondée par les branches professionnelles, relève Myriam El Khomri.
Chargé de financer les formations dans le secteur social et médico-social, l’Opco santé a par exemple été pris d’assaut par des employeurs souhaitant soutenir leurs salariés dans l’acquisition des diplômes d’accompagnant éducatif et social ou d’aides-soignants. L’opérateur de compétences a en effet reçu des budgets issus du plan de relance… "Depuis le 5 octobre, on nous dit que l’enveloppe pour cette année est finie", illustre l’auteure d’un rapport sur les métiers du grand âge en 2019.
Quant aux "projets de transition professionnelle", dispositif qui fonctionne sur le même principe à la demande de tout salarié en poste, environ 20.000 ont été pris en charge en 2021, d’après le jaune budgétaire annexé au PLF 2023.
L’échec du dispositif "Transitions collectives"
Compte-tenu d’évolutions structurelles, telles que le vieillissement de la population ou la transition écologique qui va créer mais aussi détruire de nombreux emplois, "il va falloir qu’on soit extrêmement mobiles et réactifs avec des dispositifs qui permettent d’allouer des ressources, de traiter des situations y compris localement, peut-être plus et mieux qu’on le fait aujourd’hui", reconnaît aussi le président délégué du Medef, Patrick Martin.
Pour organiser les reconversions, Elisabeth Borne avait lancé, lorsqu’elle était ministre du Travail, le dispositif "transitions collective". Son objectif : permettre à des salariés de secteurs en difficulté toujours en poste, d’être formés et rémunérés, pour rejoindre des entreprises sur des secteurs plus porteurs, sans passer par la case Pôle emploi et avec la possibilité de revenir dans son entreprise d’origine. Problème : "Transco" ne trouve pas preneur (lire notre article du 10 février 2022). "À l’expérience, on a compris que de très grands groupes avaient une difficulté à mettre en œuvre ce dispositif", reconnaît Patrick Martin, qui appelle à "moins raisonner en termes de pré carré, de chasse gardée, de préservation d’outils"…
"Transco n’a pas atteint les objectifs qu’on imaginait", admet le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui ouvrait la matinée de réflexion lundi 24 octobre. Une dotation de 50 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 20 millions d’euros en crédits de paiement est prévue en PLF 2023 pour financer ce dispositif, auquel le gouvernement croit encore.
Source : Banque des territoires - 26 10 2022
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